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L'Observatoire démographique et statistique de l'espace francophone

L’Observatoire démographique et statistique de l’espace francophone (ODSEF) a été créé au début de l’année 2009 et s’est doté de moyens avec la signature d’un protocole d’entente entre le Gouvernement du Québec, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) et l’Université Laval. La création de l’ODSEF s’inscrit à la suite de trois moments forts :

1) l’adoption par plus d’une centaine de chercheurs de la Déclaration sur la sauvegarde et la mise en valeur des recensements africains(Québec, juin 2007)

2) la tenue du Séminaire international sur la méthodologie d’observation de la langue française dans le monde (Paris, juin 2008)

3) et enfin, la résolution sur la langue française adoptée lors du XIIe Sommet de la Francophonie.

Le premier objectif de l’ODSEF est de contribuer à assurer la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine démographique des États de la Francophonie, un patrimoine important qui est plus particulièrement menacé dans plusieurs pays africains. Le second objectif est d’appuyer l’ensemble des initiatives permettant de circonscrire les dynamiques linguistiques et de mieux situer la place qu’occupe la langue française au sein des populations de la Francophonie et d’ailleurs. Dans le prolongement de ce second objectif, signalons que l’ensemble des résultats de recherche produits par l’ODSEF seront mis à la disposition de l’Observatoire de la langue française de l’OIF de façon à lui fournir des données valides lui permettant de compléter, sur le plan démolinguistique, son tableau de bord de l’état du français dans le monde.

S’inscrivant à l’intérieur des réseaux de partenariats scientifiques entre des institutions du Sud et du Nord qui oeuvrent dans le domaine de la démographie et des statistiques sociales, les activités de l’ODSEF se feront en collaboration avec l’Observatoire de la langue française de l’OIF et en prenant appui sur les importants réseaux de chercheurs de l’AUF. Les expertises développées sur la sauvegarde du patrimoine statistique et dans le champ de la démographie linguistique, dans le monde et plus particulièrement au Québec et au Canada, seront également mises à contribution. La programmation d’activités de l’ODSEF au cours des quatre prochaines années s’articulera autour des deux composantes suivantes.

Deux axes de recherche

Sauvegarde du patrimoine démographique en Afrique francophone

Les recensements de la population représentent des outils précieux, notamment pour les exercices de planification. La plupart des pays africains ont réalisé leur premier recensement de la population dans la décennie 1970 et ont répété ces opérations à un rythme décennal.  Ces vastes opérations de collectes d’informations sociales, culturelles et économiques sont les seules en Afrique qui donnent des informations détaillées sur l’ensemble des individus d’un pays.  Bien qu’ils nécessitent des fonds considérables, ces recensements ont été à ce jour grandement sous-exploités. Par ailleurs, dans la plupart des pays, les supports informatiques utilisés pour les recensements des années 1970 et 1980 sont devenus désuets et les informations n’ont pu être transférées sur des supports électroniques plus modernes. Il en résulte que les seuls vestiges de ces recensements sont souvent les questionnaires complétés qui se retrouvent maintenant dans les services des archives des différents pays et qui sont menacés de disparaître, compte tenu des environnements où ils se trouvent et étant donné les limites d’espace imposées aux services nationaux des archives. Il importe donc de rapidement mettre en place des actions qui permettront d’assurer la sauvegarde sur des supports numériques et la mise en valeur de ce patrimoine démographique africain[1].

Alors que les États de la Francophonie dans leur ensemble, et le Québec en particulier, ont joué un rôle de premier plan pour favoriser l’adoption de la Déclaration universelle de l'UNESCO sur la diversité culturelle et de la Convention sur la diversité des expressions culturelles, il s’avère essentiel d’assurer la sauvegarde des sources d’informations qui non seulement représentent un patrimoine mondial sur les populations mais qui, également, nous aident à rendre compte des éléments de leur diversité à travers le temps.

S’appuyant sur certains des réseaux de chercheurs de l’AUF et sur l’expertise québécoise et canadienne développée dans ce domaine, notamment à l’Université Laval[2], l’ODSEF et ses partenaires, prépareront une série de missions auprès des institutions et pays africains de la Francophonie qui le souhaitent (directions des archives, offices des statistiques, institutions de recherche en démographie, etc.), afin de dégager un portrait des activités à mener et des moyens à mettre en place pour assurer la sauvegarde des informations démographiques qui sont menacées de disparition[3].

Au-delà de la sauvegarde de ces documents, l’ODSEF initiera des actions permettant la mise en valeur de ces informations démographiques existantes dans les états de l’espace francophone, notamment en Afrique. Les actions à mener s’articuleront autour d’autres initiatives internationales dans ce domaine, notamment celles de l’UNFPA et de l’UNESCO et celles du CEPED à Paris et de l’African Census Analysis Project(ACAP) de l’Université de Pennsylvanie aux États-Unis. 

Les missions que nous effectuerons devraient également permettre d’identifier les ressources humaines des pays qui pourraient participer aux activités de formation à la sauvegarde, à la mise en valeur et à l’exploitation de ces sources d’informations.  Il s’agira d’activités scientifiques d’échanges d’expériences (atelier, colloque, etc.) et de formation qui se dérouleront en Afrique, au Canada ou en Europe.

Démographie linguistique et francophonie 

Ces ressources que sont les recensements recèlent également des informations particulièrement riches sur les dimensions culturelles, sociales et économiques des populations. Outre les informations recueillies sur l’appartenance à des groupes sociaux et culturels, la plupart des recensements comprennent des questions sur les pratiques linguistiques et/ou sur l’aptitude à lire et à écrire la langue officielle ou l’une des langues nationales. C’est le cas notamment de la vingtaine de pays africains pour lesquels le français a ce statut. Or, ces informations sont très rarement exploitées alors que les rapports de l’OIF font notamment état des difficultés à obtenir des informations de qualité sur les francophones dans le monde. Par ailleurs, dans un contexte où l’éducation pour tous est le 2e des huit objectifs du millénaire de l’ONU pour le développement, quels seront les effets des importants investissements en matière d’éducation sur les pratiques linguistiques dans les pays de la Francophonie, notamment ceux d’Afrique?  Il semble particulièrement important de se doter d’outils nous permettant de mieux suivre l’évolution des locuteurs du français et des autres langues.

Travaillant en étroite collaboration avec l’Observatoire de la langue française de l’OIF et ses partenaires et s’appuyant à nouveau sur des équipes pluridisciplinaires à travers les réseaux de chercheurs de l’AUF (démographes, statisticiens, sociologues, sociolinguistes, etc.), l’ODSEF coordonnera certaines activités (séminaires, ateliers méthodologiques, études, etc.) permettant d’exploiter les informations sur les pratiques linguistiques, notamment celles issues des recensements. L’ODSEF pourra appuyer la réalisation de plus d’une vingtaine de monographies nationales sur la situation démo-linguistique et l’évolution des locuteurs francophones, notamment pour chacun des pays membres de la Francophonie pour lesquels le français a le statut de langue officielle.

S’appuyant par ailleurs sur les expertises québécoises et canadiennes plus que centenaires et particulièrement riches dans le domaine de la collecte d’informations sur les pratiques linguistiques des populations (Statistique Canada, Institut de la Statistique du Québec, Office québécois de la langue française, etc.), l’ODSEF offrira des possibilités d’accueil de chercheurs du Sud et organisera des ateliers de formation qui permettront d’encadrer et d’enrichir la production des monographies démolinguistiques.  De plus, de concert avec les différents opérateurs de la Francophonie (OIF, TV5-Monde, etc.) et des partenaires des milieux universitaires et des institutions internationales, l’ODSEF interviendra de façon à faire la promotion de l’ajout de questions sur les pratiques linguistiques dans les futures opérations de collecte de données démographiques, plus particulièrement dans les pays d’Afrique où le français a le statut de langue officielle.

L’ensemble des résultats de recherche produits par l’ODSEF seront mis à la disposition de l’Observatoire de la langue française de l’OIF de façon à lui fournir des données valides lui permettant de compléter, sur le plan démolinguistique, son tableau de bord de l’état du français dans le monde qui comprendra toutes les données et analyses statistiques requises pour permettre l’élaboration de stratégies d’intervention en matière de langue.

Références

[1] http://www.francophoniequebec2008.qc.ca/fr/pdf/resolutions_quebec.pdf [PDF, 10.77 ko]

On pourra d’ailleurs se référer à ce sujet à la Déclaration de Québec sur la sauvegarde et la mise en valeur des recensements africains [PDF, 385 ko] signée en juin 2007 par plus d’une centaine de participants lors des Journées scientifiques « Mémoire et démographie. Regards croisés au Sud et au Nord » (réseau démographie de l'AUF).

[2] Le Centre interuniversitaire d’études québécoises (CIEQ) de l’Université Laval est associé à l’Infrastructure de recherche sur le Canada au 20e siècle, un projet pancanadien qui développe des bases de données à partir des listes nominatives de recensements canadiens tenus entre 1911 et 1951.  L’Université Laval est également l’un des partenaires de Statistique Canada dans le cadre de  l’Initiative de démocratisation des données et abrite le Laboratoires du Centre interuniversitaire québécois de statistiques sociales (CIQSS) qui offre aux chercheurs un accès privilégié aux données sécurisées des recensements canadiens et d’autres enquêtes.

[3]  L’Université Laval a déjà été sollicitée par les institutions de statistique et autres du Mali et de la République démocratique du Congo afin que l'ODSEF puisse mener urgemment des missions de ce genre pour leur pays, notamment concernant le recensement de 1976 du Mali et celui de 1984 de RDC. La sauvegarde a pu être réalisée dans ces deux pays. Pour plus d'informations :
http://www.odsef.fss.ulaval.ca/Num_RDC_Accomplie et uen publication de l'ODSEF dans la revue International Innovation.